La commission d’experts missionnée en septembre par le ministre de l’Energie, Eric Besson, pour examiner différents scénarios énergétiques à l’horizon 2050, plaide pour une prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires, selon une « synthèse » provisoire. Sciences et Avenir le 30-01-2012
Le rapport définitif de la commission, présidée par le professeur d’université Jacques Percebois, sera rendu public le 13 février, a-t-on appris auprès d’un membre du comité.
Selon une « synthèse générale » provisoire, obtenue par l’AFP, « l’analyse des scénarios énergétiques à 2050 » montre « en particulier que la trajectoire optimale pour notre pays consiste à prolonger la durée de vie des centrales existantes aussi longtemps que l’Autorité de sûreté nucléaire le permettra ».
La conclusion des experts s’oriente aussi vers la nécessité de « prévoir un petit nombre d’EPR pour lisser la production au moment de la fermeture des centrales les plus anciennes, et à préparer l’avenir en poursuivant activement le développement de la génération 4 » des réacteurs.
La commission laisse pour autant « ouverte » la question de la part — 75% aujourd’hui — que devrait représenter le nucléaire dans la production électrique française en 2050.
Le gouvernement avait annoncé en septembre la création de cette commission « pluraliste » chargée d’évaluer différents scénarios existants, et notamment ceux prévoyant une sortie du nucléaire.
Les ONG avaient toutefois refusé d’y siéger, jugeant la composition de la commission trop pro-nucléaire et refusant d’être associées à un rapport publié juste avant l’élection présidentielle.
Dans la « synthèse » provisoire, la commission formule sept recommandations appelant notamment à « s’interdire toute fermeture administrative d’une centrale nucléaire qui n’aurait pas été décidée par l’exploitant à la suite des injonctions de l’autorité de sûreté » mais aussi à « faire de la sobriété et de l’efficacité énergétique une grande cause nationale ».
Sur la question du prix de l’énergie, les experts constatent que « tous les scénarios s’accordent sur une perspective de hausse durable des coûts énergétiques » et appellent à « s’engager courageusement dans une politique de vérité (c’est-à-dire de hausse) des prix de l’énergie ».
Interrogés par le site Mediapart, qui publie certaines parties du rapport, deux experts « indépendants », l’économiste Benjamin Dessus et le physicien Bernard Laponche, membres de l’association Global Chance, qualifient ce document encore provisoire d' »exercice médiocre, biaisé par des erreurs factuelles ».